Journal de bord d'un séminariste en Terre Sainte

Porteurs de communion...

Taizé

Pour être porteurs de communion, avancerons-nous, dans chacune de nos vies, sur le chemin de la confiance et d’une bonté du cœur toujours renouvelée ?
Sur ce chemin, il y aura parfois des échecs.
Alors, rappelons-nous que la source de la paix et de la communion est en Dieu.

Frère Roger

Le tumulte de l’actualité des jours passés et la cacophonie ambiante des médias, m’ont incité à replonger dans les propos du livre Vivre l’aujourd’hui de Dieu (édité en 1960) de frère Roger, fondateur de la communauté de Taizé (en Bourgogne),. Il y dénonçait le danger des replis identitaires, des communautarismes, d’un athéisme militant… Mais encore la violence à venir émanant des conditions de vie impossibles pour plusieurs milliards d’êtres humains : problèmes des richesses inégales réparties entre Nord et Sud, de l’alimentation, de l’éducation, du travail, de l’accès à l’eau…et de l’unité entre les religions… Bref, quoi de neuf sous le soleil de 2012 pourrait-on constater ?

Cependant, l’aujourd’hui de Dieu est à encore vivre maintenant. Ici. Frère Roger appelait alors à rester fidèles à Dieu. À ses promesses. À ce que le Christ en dévoile au long des pages de l’Évangile. Il invitait à la contemplation, source d’un dialogue véritable avec Dieu. Et entre hommes.

Sans doute y a-t-il dans ces propos quelques provocations pour notre quotidien où nous préfèrerions de l’action rapide et efficace. Mais dans cette contemplation, nous pourrions apprendre à ne pas poursuivre sans cesse notre propre pensée, à renoncer aux arguments polémiques et stériles pour, enfin, nous ouvrir à une véritable écoute de la « soif du monde », de ceux qui y habitent avec nous.

« Une soif du monde… » que seul le Christ peut étancher si nous nous laissons embraser par son Amour. Si nous nous accueillons en vérité comme frères et sœurs d’un même Père Créateur et Miséricordieux. Si nous ne cherchons pas nôtre propre intérêt, mais le bien commun. Le chemin de l’unité du genre humain est sans doute encore long à faire, mais il germe déjà. Ne le voyez-vous pas ?

En tout cas, le Christ a cette volonté de s’affronter au mal, aux souffrances et aux violences par son Amour. C’est là sa seule arme. Elle est la nôtre aujourd’hui pour vivre en Dieu. Pour vivre ensemble.


La foi et les actes

« Pour celui qui aime vraiment,
il n’y a plus au monde qu’un visage,
qu’une présence qu’il retrouve partout et que tout lui rappelle »

Frère Charles de Foucauld

La foi… les actes…

Ces deux termes ont fait débat dans l’Histoire de l’Église. Et ils ont provoqué des situations de conflits, de séparations.

La foi et les actes. Deux termes à ne pas opposer en réalité car au cœur de l’Amour. La foi se met en actes quand l’Amour habite le cœur de l’homme où nos actes se font dans la certitude que tout homme est à l’image de Dieu. Où la véritable fraternité humaine n’est pas un vain mot. Car nous dit le Psaume, le pauvre, lui aussi dans sa prière, crie vers Dieu.

La foi et les actes…qui ne deviennent proximités du Père des miséricordes, signes du Christ vivant, et souffle de l’Esprit, que si nous reconnaissons réellement qui est Dieu pour nous. Sinon, nous nous trompons de combat, d’engagement… car il y a pratique et pratique justement…comme il y a foi et foi.

Ce que nous dit le « frère universel », Charles de Foucauld, suite à sa bouleversante rencontre avec Dieu, nous invite à relire ce que la caritas signifie pour nous aujourd’hui. Car « Dieu est Amour et le Christ n’est que Cœur »… Ainsi la vraie caritas n’est pas une piécette jetée hâtivement aux pieds du pauvre qui tend la main ni le fruit d’une émotion issue de notre sensiblerie. La caritas est le fruit de notre vraie rencontre intime avec le Christ qui nous apprend à regarder tout homme comme il le voit. Comme lui l’aime. Elle n’est pas qu’un agir moral mais l’être profond du baptisé. Tout comme l’Eucharistie n’est véridique que si « elle est communion entre frères et sœurs qui acceptent de se réconcilier dans le Christ » (cf. Le sacrement de l’Amour, Benoît XVI).

Il y a donc en nous à réconcilier « foi et actes ». Il y a à vivre l’Eucharistie comme source et sommet du sacrement de la charité. Sacrement de la rencontre unitive à Dieu fait chair et d’une caritas engagée à transformer ce qui est injustice, tension, pauvreté dans le monde, et dans le cœur de l’homme. « Il nous faut aller ainsi continuellement de l’Eucharistie aux hommes et des hommes à l’Eucharistie, de l’adoration à l’amour fraternel, du silence à la parole… » (cf. René Voillaume, fondateur des Petits frères de Jésus, communauté religieuse issue de la pensée et du message spirituel de Ch. de Foucauld).


Exaltation de la Sainte Croix

Croix dans une boutique de souvenirs
dans une boutique de souvenirs à Assise...

Quand on y pense...
Exaltation...
Comment est-ce pensable justement ?... la vie qui surgit de la mort ?... un crucifié source de Vie ?...
Quel paradoxe !
Et pourtant... de là jaillit l’Amour infini...
pour moi...
pour tous !

Dans le souffle de ce Don unique, nous laisser embarquer
et prendre à bras le corps,
la Croix où nous serons nous aussi donnés...
pour tous...
pour la multitude !


Intolérable discours...

Il est vrai que nous nous réjouissons de voir de nombreuses personnes, de toutes appartenance philosophique ou religieuse, qui respectent et admirent aujourd’hui l’Évangile. Ils nous aident à redécouvrir « Le Christ Philosphe », le « Jésus Médecin » ou le « Christ cosmique ». Ils nous aident à démythologiser, voire à démystifier les évangiles. Nous leur sommes reconnaissants.

Mais, jusqu’où pouvons-nous aller sur ce chemin ? Selon quels critères allons-nous relire, réinterpréter ces Évangiles ? N’y a-t-il pas un réel danger à ainsi retailler un Christ à notre convenance, à le réduire à notre propre idéal ? Quitte à escamoter ce que nous jugeons « intolérable », pour reprendre le mot utilisé par de nombreux disciples dans la synagogue de Capharnaüm.

Non ! un Christ « tolérable » ne nous suffit plus. Le choix des disciples de Jésus, notre choix, n’est pas dicté uniquement par l’admiration pour un Évangile fascinant et un personnage remarquable, il est un pari, un engagement risqué, qui va à l’encontre du bon sens, mais il est la confiance éperdue en une personne.

La question que nous pose l’Évangile d’aujourd’hui concerne notre vie quotidienne : comment pouvons-nous vivre ce choix très concrètement, sans grandiloquence, sans nous payer de mots, sans scrupules ? Comment discerner l’appel du Christ à travers toutes ces paroles des Évangiles, souvent obscures, difficiles, dures, voire un peu contradictoires ? Nous entendons de telles paroles de dimanche en dimanche ; elles s’accumulent et risquent de finalement se neutraliser.

C’est ici que, si nous voulons être des « disciples » fidèles, il nous faut prendre le temps pour « laisser descendre dans notre cœur » toutes ces paroles - et aussi toutes nos propres réflexions et interrogations. Si nous voulons rester avec le Christ et laisser sa parole de vie irradier notre propre vie, nous ne pouvons laisser son message dans notre tête uniquement. Là nous l’avons bien compris. Mais il faut qu’il descende aussi dans notre cœur, dans tout notre corps, dans un comportement tout entier converti.

fr. Pierre, moine à Clerlande (Belgique). Extraits de l’homélie du 22e Dimanche du Temps ordinaire B.

Pour un enthousiasme débordant...

Les foules s’enthousiasment de voir Jésus à l’œuvre. Et il y a de quoi ! Cet « irruption de Dieu » dans nos vies peut tout changer. L’espérance des fils d’Israël attendait ce Messie. Et voici que les foules accourent, et que les guérisons établissent le fait que Dieu est parmi son peuple.

Aujourd’hui, l’enthousiasme est moins débordant…mais la présence de Dieu est toujours effective et efficace. Heureusement ! Mais il nous reste à le découvrir enfoui là où nous sommes. Nous pouvons être aveuglés, sourds, boiteux… dans notre relation filiale. Les maux sont multiples, mais l’effet de coupure, de séparation, d’abandon demeure. Car notre cœur est lui aussi malade.

« L’irruption de Dieu » dans notre quotidien vient raviver notre marche, notre confiance. Et si cette expression semble indiquer une soudaineté à la proximité de Dieu, elle cache en fait, l’intimité même que Dieu partage avec nous depuis notre naissance. Dieu ne jaillit pas un beau matin comme cela, comme un enfant sortant de sa cachette. C’est ce que nous percevons parfois quand nous le rencontrons au détour d’un pilier, d’un évènement de nos vies, d’une parole entendue, d’un sourire… Il ne nous surprend pas comme un voleur. Il a établit en nous sa demeure. Depuis toujours. Son action était discrète sans doute. Mais jamais il ne nous a lâché la main. Tel un Père qui accompagne son enfant sur le chemin de la vie.

Alors le découvrant sous son vrai visage, nous exultons. Et cette « éternelle irruption » nous ouvre à ce que nous sommes en vérité : son fils, sa fille. Et débordant de joie, nous ne pouvons nous retenir de proclamer sa vie en nous. De l’annoncer à d’autres qui seraient encore prisonniers de leurs maux. Et ce qui est admirable, c’est qu’ils puissent se tourner vers Dieu, eux aussi, et dire « Notre Père… ».


Les saints moines de Rebais

Monasticon de l’abbaye de rebais
Monasticon de l’abbaye Saint Pierre de Rebais (source)

En ces derniers jours d’août, le diocèse célèbre la mémoire des Saints moines de Rebais (VIIe siècle). Saint Aile (ou Agile), originaire de Franche-Comté, rejoint après un séjour à l’Abbaye de Luxueil, fondée par St Colomban, les Saints frères Dadon et Adon à Rebais pour fonder l’abbaye de Jérusalem-en-Brie au bord du cours d’eau Rebascus (Rebais). L’abbaye a traversé les siècles jusqu’à la Révolution avant d’être abandonnée puis rachetée par un prêtre de Meaux. Aujourd’hui, une partie des bâtiments accueille une maison de repos.

Que ceux et celles qui ont semé en terre de Brie la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité nous soutiennent dans nos efforts pastoraux et nos élans missionnaires !