Journal de bord d'un séminariste en Terre Sainte

« la discrétion de Dieu »

Jésus s’adresse aux foules et à ses disciples en paraboles. Ce langage n’est pas réductible à de « jolies historiettes populaires », mais indique l’agir de Dieu dans le monde.

La volonté de ses enseignements est que l’auditeur s’engage dans ces histoires en se laissant interpeller, en se mettant en route… L’objectif est que chacun prenne position puis s’engage.

Idem pour les propos sur le Règne de Dieu. Sa description est vaine ou imprécise car il s’agit en réalité d’y entrer ! Et les paraboles de Jésus sont justement là pour nous éveiller à cette présence imperceptible du Règne de Dieu. « Il est comme une graine de moutarde… » explique ainsi Jésus. Nous voudrions des renseignements précis ou une exhortation vigoureuse, mais nous n’entendons que des images de la vie quotidienne… Réalités quotidiennes qui nous parlent alors de la présence vivante et forte de Dieu.

Dieu est discret, mais il est là dans la journée que nous vivons. « Il est là, offert comme une grâce au cœur de la réalité la plus habituelle » (fr. Bernard Rey, op). À nous de l’accueillir dans des signes très simples, très ordinaires.


« Vous ferez cela en mémoire de moi »

La multitude à faim ! Faim concrète du pain qui rassasie. Faim spirituelle aussi !

Notre monde à faim. Nombreux sont ceux qui meurent ou souffrent de famine, de malnutrition. Nombreux sont ceux qui errent sur des chemins de vie sans repères, sans guides…

Le pain d’amour que nous partageons, fruit de la terre et de nos efforts humains est aussi pain de Vie, pain du Ciel quand il est partagé au nom de Jésus. Au nom de Celui qui est rompu « pour un monde nouveau ».

Pour vivre cela, de cette dynamique, il nous faut faire mémoire de ce que nous avons reçu. Repasser sous nos yeux les actes, les paroles, les situations qui nous « ont nourris ». Les offrir en rendant grâce à nouveau au Père par le Fils dans l’Esprit, afin que nous puissions les distribuer, afin que nous puissions leur donner nous-mêmes à manger de ce pain de Vie qui nous rassasie chaque jour.

Et cela dans un don de soi, dans une « livraison » de nous-mêmes qui passe, parfois, par un déchirement du cœur.


Saint Norbert

La vie de saint Norbert est tumultueuse ! Né dans une riche famille noble, sa conversion fût aussi radicale que celle de saint Paul. De même son élan missionnaire et sa volonté de suivre « pauvre, le Christ pauvre » !!

Pour en savoir plus sur sa vie et son action apostolique, cliquez ici.

La Fraternité se retrouve bien dans les inspirations et dans certains points de la vie des Prémontrés ! (D’ailleurs son modérateur a grandi à l’ombre de la première maison fondée par Norbert !! un signe ??)

Que saint Norbert nous aide à vivre notre « sequela Christi » avec ferveur, désireux ainsi de vivre en frères et soeurs à l’image des premières communautés chrétiennes, dans une vie simple, fraternelle et ouverte à tous, dans un zèle apostolique qui nous rend attentifs et accueillants !


« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit 

La fête de la Trinité semble compliquer pour beaucoup de chrétiens… Et si nous avons à expliquer ce mystère, et ce dogme formulé au 4e siècle à partir du donné biblique, on s’embrouille très vite dans des mathématiques et des calculs impossibles… Alors, mieux vaudrait dire en fait que « Dieu n’est pas solitaire ! »1 comme l’indiquait, il y a quelques années, un ouvrage de vulgarisation du père Jean-Noël Bezançon, prêtre et théologien à Paris. Car l’Amour de Dieu ne peut être réel que s’il se vit dans une relation avec d’autres.

Dieu ne s’aime pas en se regardant en solitaire dans un miroir comme pris par un sentiment d’égoïsme ! Dieu est Amour, et il nous le révèle, nous le communique, en son Fils unique, qui prend notre chair. Et qui nous donne l’Esprit Saint pour que nous participions pleinement et en permanence à cette vie divine. Et si nous regardons bien, notre vie est totalement baignée dans cette Trinité. Et pas uniquement nos célébrations ou nos temps de prières personnelles… mais toute notre existence ! (Pensez-y quelques instants…)

« Ça circule en Dieu ! Ça bouge ! » diraient les enfants du KT en employant une image pour commenter l’échange des regards et les attitudes des « trois anges-visiteurs » d’Abraham (cf. Livre de la Genèse, chap. 18) de la célèbre icône d’Andreï Roublev. Oui, en Dieu l’Amour circule et vient à nous ! L’Amour ne s’envisage pas seulement dans un face-à-face enfermant, mais se partage avec d’autres. La fête de la Trinité veut au moins nous rappeler cela, à défaut de faire de longs sermons théologiques soporifiques… L’Amour de Dieu n’est pas compliqué, mais c’est plutôt nous qui sommes bien compliqués dès il s’agit d’aimer et d’aimer l’autre en vérité comme Dieu aime !

  1. aux Éditions Desclée de Brouwer, 1999.

« Viens Esprit Saint, onction céleste... »

Sur chacun le don de Dieu, le souffle de vie, l’Esprit du Christ est répandu le jour de la Pentecôte en abondance pour nous entrainer dans le dynamisme des Apôtres qui partent aux quatre coins du monde annoncer la Bonne Nouvelle. L’Esprit veut nous entraîner à la suite des premiers chrétiens.

« Voici ce que produit l’Esprit, dit saint Paul : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Galates 5, 22-23) Ces fruits que produit en nous l’Esprit Saint, nos contemporains en ont besoin pour vivre. Dernièrement, un jeune incroyant me confiait : « Tu es chanceux, toi, ta foi donne un sens à ta vie ». En ces temps de crise sociale, financière, familiale… le monde a besoin de témoins joyeux, d’une espérance qui tourne les regards vers un plus loin, vers le désir de vivre au sein d’une fraternité humaine, d’une « civilisation de l’Amour ».

L’Esprit saint, l’onction céleste versée sur nous, nous invite à ne pas avoir peur mais à faire mémoire de la présence du Christ au cœur de nos existences, aux heures de joies comme aux heures d’épreuves. L’Esprit, le doigt de Dieu, nous indique le chemin de la vie tournée vers les autres, les plus faibles, les démunis. Il nous presse à l’Amour des autres et de nous-mêmes. Il fait la Vérité sur nos vies, sur nos projets pour que, ensemble, nous collaborions à l’œuvre de Dieu.

L’Esprit transforme ceux et celles qui se laissent inspirer par lui. Comme une flûte s’anime par le souffle du flûtiste, l’Esprit transforme nos existences et l’histoire de l’humanité pour en faire une « symphonie du salut » (S. Irénée).


« Vers les hauteurs... »

S’exercer à gravir le sommet en se rappelant que la vie est une ascension vers les hauteurs, et non un repos sur les hauteurs.
Un moine chartreux.

Les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte nous appellent à vivre dans l’espérance et dans l’Esprit qui nous est donné. Le Christ ne nous abandonne pas en montant à la droite du Père ni ne nous laisse seuls pour le témoignage de vie ni sans force pour ce cheminement qui nous élève à notre tour vers le ciel. L’Esprit que nous recevons ne fait pas de nous des esclaves ou des gens vivants dans la peur, mais nous dynamise du souffle même qui anime l’agir de Dieu. La « Force d’en-haut » est celle qui nous permet à la fois d’être « dans le Temple à bénir Dieu » et d’être « le sel et la lumière » au milieu du monde. À l’exemple d’Étienne…

Car vivre du Christ, c’est incarner à notre tour la présence aimante de Dieu. C’est l’exprimer par les mots et en même temps en rayonner par les actes. C’est donc prendre le temps d’un « tête à tête » avec le Christ dans l’écoute de l’Évangile chaque jour, dans la pratique des sacrements –  pain pour la route, comme on le dit parfois – et dans le même temps, s’investir dans un face à face avec ceux qui souffrent ou encore, prendre le parti de la justice quand c’est nécessaire. Notre message évangélique dont nous sommes les témoins, les dépositaires n’est donc pas qu’une répétition, mais l’occasion d’imprégner le monde de l’Esprit d’Amour qui nous anime.

Et c’est cela qui déconcerte ceux qui nous entourent ! On pensait connaître le scénario du film biblique, et voilà que le monde s’embrase d’un feu nouveau. D’une parole nouvelle. D’une présence divine. Et si tout est accompli dans le Christ, il nous reste à retrousser nos manches, à ouvrir nos cœurs pour que ce Royaume de justice et de paix s’établisse. Non par force, mais dans la douceur de l’Esprit « qui guérit ce qui est blessé, baigne ce qui est aride, lave ce qui est souillé »…