Journal de bord d'un séminariste en Terre Sainte

Saint Bruno et les chartreux

Article écrit par Annie Malétras

Saint Bruno
Saint Bruno en oraison dans le désert (de Nicolas Mignard, musée Calvet - Avignon)

Comme Saint François d’Assise fêté lundi, aujourd’hui nous fêtons Saint Bruno. Ces deux personnages à la très haute et fondamentale spiritualité sont d’origine aisée et prêts au total abandon des biens terrestres pour accéder aux biens du Ciel.

Ce matin, au cours de la célébration eucharistique, j’ai été profondément touchée par le commentaire sur la vie érémitique. Voci quelques mots qui rappellent le sens et le but de cette vie faite de rigueur et de solitude.

Un tel appel, toutefois, ne se révèle authentiquement divin que si celui qui croit l’avoir entendu devient vraiment ce qu’il doit être (...) habiter seul avec lui-même pour vivre à Dieu seul (...) La sainte Église et l’humanité tout entière, les pauvres, les persécutés, les malades, tous ceux qui souffrent, les pécheurs, les âmes en train de se perdre, celles qui ne connaissent pas Dieu ni Jésus-Christ, l’ermite sait en représenter constamment les besoins à Dieu, il souffre de leurs souffrance, il pleure de leurs larmes, mais il ne cherche pas à les atteindre directement parce que tel n'est pas le dessein de Dieu sur lui.
(.....) La fuite du péché s’impose de manière absolue. Mais il y a une façon de mépriser le monde ou le corps qui n’est pas saine, qui n’est pas chrétienne. Le monde racheté par jésus-Christ demande tout notre amour ; et c’est avec respect qu’il faut traiter un corps purifié par le baptême, nourri de l’Eucharistie, sanctifié par la présence de la Trinité sainte, et destiné à briller d'une gloire divine dans l’éternite. (.....) Nous nous efforçons de mâter notre corps, non pour détruire en lui qoui que ce soit de ce que Dieu y a mis de beau et de bon, mais au contraire pour le rendre à la plénitude de sa bonté et de sa beauté, dans une soumission totale aux lois inscrites dans sa nature, aux lois de la création. (....) L’ermite est celui qui attend tout de Dieu. Il ne va au désert que pour se placer plus directement dans le rayonnement du foyer divin.""
extraits de La vie érémitique, essai d’initiation, Jacques Winady, osb, Coll° Vie monastique n°6, Abbaye de Bellefontaine 1976, réédité avec ajouts en 1997.

Saint François d’Assise

Saint François d’Assise

Il est indéniable que François avait une âme de poète et qu’il était particulièrement sensible à la beauté du monde créé. Dès avant sa conversion ses biographes signalent cette sensibilité. Mais une fois converti, il entre totalement dans une démarche d’action de grâce pour tout ce qui est sorti de la main de Dieu et qui a été confié aux hommes. Pour exprimer cette démarche chrétienne, le lettré Thomas de Celano se réfère à la théologie de saint Augustin auquel il emprunte les idées et le vocabulaire dans la Vita IIa :

... François savait puiser un grand réconfort dans toutes les choses de ce monde ; il les utilisait comme des armes quand il s’agissait de combattre le prince des ténèbres, et comme autant de miroirs pour contempler la bonté de Dieu. En toute œuvre, il admirait l’Ouvrier ; il référait au Créateur les qualités qu il découvrait à chaque créature. Il se réjouissait pour tous les ouvrages sortis de la main de Dieu (Ps 91,5) et, de ce spectacle qui faisait sa joie, il remontait jusqu’à celui qui est la cause, le principe et la vie de l’univers. Il savait, dans une belle chose, contempler le Très Beau ; tout ce qu’il rencontrait de bon lui chantait : « Celui qui m’a fait, celui-là est le Très Bon » (St Augustin). Il poursuivait à la trace son Bien-Aimé en tout lieu de sa création (Cant 5, 17), se servant de tout l’univers comme d'une échelle pour se hausser jusqu'au trône de Dieu. On n’avait jamais vu pareille affection pour toutes les créatures ; il leur parlait du Seigneur et les invitait à la louange... Mais qui pourra jamais épuiser ce sujet ? Car la Bonté qui est à la source de toutes choses et qui sera un jour tout entière en toutes choses, dès cette vie déjà apparaissait aux yeux du saint, tout entière en toutes choses.
Vita IIa, ch. 124, n. 165.

Dieu tout puissant, éternel, juste et bon,
par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté ;
mais toi, à cause de toi-même,
donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux,
et de vouloir toujours ce qui te plaît ;
ainsi nous deviendrons capables,
intérieurement purifiés,
illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit,
de suivre les traces de ton Fils notre Seigneur Jésus-Christ,
et, par ta seule grâce,
de parvenir jusqu’à toi, Très-Haut,
qui, en Trinité parfaite et très simple Unité,
vis et règnes et reçois toute gloire,
Dieu tout puissant dans tous les siècles des siècles.
Amen.


Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face

Icône de la petite Thérèse
Icône écrite par Lise Labelle-Ouellet
Ah ! qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme... Ce fut un baiser d’amour ; je me sentais aimée, et je disais aussi : « Je vous aime, je me donne à vous pour toujours. »" Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices ; depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris... Ce jour-là, ce n’était plus un regard mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, il était le maître, le Roi.
(Manuscrits autobiographiques, Carmel de Lisieux, 1957, p. 83.
Ô Jésus mon Amour, ma vocation enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour.
Ms B, 3 v°

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