Journal de bord d'un séminariste en Terre Sainte
Invincible espérance...
En échos à l’actualité des jours passés, quelques réflexions du père Christian de Chergé, moine de Tibhrine, en Algérie, martyré en mai 1996.
Chrétiens et Musulmans, nous avons un besoin urgent d’entrer dans la miséricorde mutuelle... Cet exode vers l’autre ne saurait nous détourner de la Terre Promise, s’il est bien vrai que nos chemins convergent quand une même soif nous attire au même puits. Pouvons-nous nous abreuver mutuellement ? C’est au goût de l’eau qu’on en juge. La véritable eau vive est celle que nul ne peut faire jaillir, ni contenir. Le monde serait moins désert si nous pouvions nous reconnaître une vocation commune, celle de multiplier au passage les fontaines de miséricorde.
Comme y invite le prieur de Thibirine, nous avons à retrouver le sens de la miséricorde de ce Dieu en qui nous croyons. Sans doute en cherchant à la source, en retournant par une conversion de vie dans « le sein maternel » par une vie priante et qui s’ouvre à cette présence aimante. Par une écoute vraie et sincère de ce que dit Dieu au cœur de l’homme. En se méfiant de croire « tout comprendre de la volonté de Dieu… ».
Chemin difficile d’une marche commune ou d’un dialogue uni ? Oui sans doute, mais Dieu fait miséricorde à qui il veut. Mais nous sommes, nous, parfois bien trop ancrés dans une visée de justice faite au nom de Dieu. Confusion de sens, d’où perte de l’objectif commun…
Car de l’ennemi, Dieu peut en faire un ami !
Le testament du p. de Chergé et le don de leurs vies des 7 frères de Tibhirine sont la preuve de cet « invincible espérance ».
Ouvriers du bon Dieu... À quel prix ??
Pas très juste cette manière de rétribuer les ouvriers diraient certains syndicalistes ou même certains patrons ! L’Évangile de ce 25e Dimanche a de quoi dérouter notre vision sociale et économique déjà mal-menée ces temps-ci.
Mais le travail à la vigne de Dieu n’est pas réglementé selon nos attentes sociales ou économiques plus terrestres. Il ne s’agit pas du nombre d’heures travaillées ni des compétences inscrites dans nos CV ni du mérite de chacun à la noble tâche. Il s’agit d’entrer dans l’œuvre du Maître de la vigne. Et c’est là où les dents grincent !
Car nous pensons toujours en termes de rétribution alors qu’il s’agit de contempler la largesse de Dieu pour chacun. Nous ne sommes pas un troupeau, ou une masse ouvrière informe, mais bien des appelés, des invités, et des partenaires de ce travail divin. Cela change la perspective. Cela ouvre d’autres horizons.
Dieu est plus audacieux, plus large en bonté, en justice que ce que nous croyons. N’oublions pas que pour Lui « les premiers seront les derniers ». Et que nous sommes d’abord ses enfants bien-aimés qu’un même baptême rassemble, uni. À l’opposé de groupes séparés sur tel ou tel critères, nous sommes les membres du Corps du Christ, et participants d’une même communauté fraternelle sans cesse à construire.
Et l’Évangile restera toujours une nouveauté radicale et absolue face à nos revendications les plus motivées, les plus sincères !
Petitesse et confiance
« Laissez les enfants venir à moi,
car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent »Voici la voie de l’amour confiant :
- avoir une confiance absolue, inconditionnelle et inébranlable en Dieu notre Père qui nous aime, même lorsque tout semble voué à l’échec.
- chercher en lui seul notre secours et notre défenseur.
- refuser le doute et le découragement, « décharger toutes nos angoisses et nos soucis sur le Seigneur » (Ps 54,22), et avancer dans une liberté parfaite.
- —tre audacieux et sans aucune crainte devant les obstacles, sachant que « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37).
- compter en tout sur notre Père qui est aux cieux dans un mouvement d’abandon spontané, comme celui des enfants, convaincus de notre néant absolu, mais courageusement confiants, jusqu’à la hardiesse, en sa bonté paternelle.
« Et il fût transfiguré devant eux… »
Nous sommes invités à écouter la voix de Dieu, sans prétendre le voir, ni le posséder, ni dresser une tente pour l’emprisonner, et le fixer une fois pour toutes dans le temple de notre imaginaire religieux,
La prière n’est pas une fuite vers l’ailleurs, mais la lumière d’un ailleurs venant apporter dans nos vies, dans nos luttes, dans nos joies, dans nos maladies, ou dans notre mort, une révélation éclairante, le visage du Ressuscité, un arc-en-ciel dans notre nuée.
Et Pierre se rappellera le soleil de ce visage, après son reniement, lorsque Jésus chargé de chaînes tournerait vers lui sa face exténuée pleine de crachats.
Et Jean s’en souviendrait aussi, au pied de la croix, les yeux levés vers cette pauvre tête affaissé couverte de sang et de pus.
Alors même les fragilités et les imperfections deviennent une porte par laquelle Dieu entre dans notre vie. Les ronces qui entravent notre marche alimentent un feu qui éclaire le chemin. Nos contradictions intérieures, nos peurs, demeurent. Mais, par l’Esprit Saint, le Christ vient pénétrer ce qui nous inquiète de nous-mêmes, au point que les obscurités sont éclairées
Être à l’écoute de Dieu ne nous épargnera pas forcément des difficultés. Si nous donnons la priorité à cette écoute, peut-être deviendrons-nous même plus vulnérables. Mais une détermination intérieure grandira, et avec elle une souplesse pour nous livrer plus facilement au souffle de l’Esprit Saint. Nous serons plus à même de discerner la présence de Dieu dans le monde et nous suivrons plus courageusement sa volonté.
Extraits d’une méditation du père Olivier de Vasselot.
Quelle est la recette du bonheur ?
« Quelle est la recette du bonheur ? » À cette question posée par le journaliste ar gentin Pablo Calvo pour la revue Viva, le pape réfléchit un instant, puis s’anime. Visiblement détendu au milieu d’un groupe d’émigrés argentins reçus le 7 juillet dernier à la Maison Sainte-Marthe, il livre en dix points sa « recette du bonheur ».
1. « Vivre et laisser vivre »
« Les Romains ont un dicton que nous pouvons prendre comme fil directeur et qui dit “Allez, et laisser les gens aller de l’avant”. Vivre et laisser vivre, c’est le premier pas vers la paix et le bonheur. »
2. Se donner aux autres
« Quelqu’un d’isolé court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre. »
3. « Se mouvoir avec bienveillance et humilité »
« Dans Don Segundo Sombra (NDLR : roman argentin de Ricardo Güiraldes), le héros raconte que, jeune, il était comme un torrent de montagne qui bousculait tout ; devenu adulte, il était comme un fleuve qui allait de l’avant puis, devenu vieux, qu’il avançait, mais lentement, endigué. J’utilise cette image du poète et romancier Ricardo Güiraldes, ce dernier adjectif, endigué. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité. Les aînés ont cette sagesse, ils sont la mémoire d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie pas de ses personnes âgées n’a pas d’avenir. »
4. Jouer avec les enfants
« Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du loisir : lire, profiter de l’art… Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient, je demandais “Combien avez-vous d’enfants ? Jouez-vous avec eux ?” C’est une question à laquelle on ne s’attend pas, mais c’était une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine. C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand leurs enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire. »
5. Passer ses dimanches en famille
« L’autre jour, à Campobasso, j’ai rencontré le monde de l’université et celui du travail et, à chacun, j’ai rappelé qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la famille. »
6. Aider les jeunes à trouver un emploi
« Nous devons être créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans travail. L’autre jour, j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit une donnée scientifique, qu’il y a 75 millions de jeunes de moins de 25 ans sans emploi. Et cela ne suffit pas de les nourrir : il faudrait inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… La dignité permet de ramener du pain à la maison. »
7. « Prendre soin de la création »
« Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis. »
8. « Oublier rapidement le négatif »
« Le besoin de dire du mal de l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif. »
9. Respecter ceux qui pensent différemment
« On peut aller jusqu’au témoignage avec l’autre, du moment que les deux progressent dans ce dialogue. Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : “Je dialogue avec toi pour te convaincre”. Ça, non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme. »
10. Rechercher activement la paix
« Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses. (…) La guerre détruit. Et l’appel à la paix a besoin d’être crié. La paix évoque parfois le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours une paix active. »
Nicolas Senèze
Source :
La Croix
Sixième dimanche de Pâques
Et si l’esprit de paix, de réconciliation était le meilleur allié de la main ouverte vers l’autre, du coeur à coeur avec celui qui cherche la présence de l’invisible…
En tout cas l’esprit de paix est celui qui est notre rempart, notre défenseur contre l’esprit de division qui habite nos vies et qui nous enferme en nous mêmes.
Oui, viens Esprit Saint !